28/02/2023, frontière
Neige fine,
À peine son haleine embuée
Sur la Spoerry
Une fenêtre allumée
Sur la façade-pomme-en trognon-évidée,
Une oasis
Et son feu qui lévite
Dans l’altitude des étages,
Un ver luisant
Seul papillon de
La nuit
Neige fine,
À peine son haleine embuée
Sur la Spoerry
Une fenêtre allumée
Sur la façade-pomme-en trognon-évidée,
Une oasis
Et son feu qui lévite
Dans l’altitude des étages,
Un ver luisant
Seul papillon de
La nuit
Bons-à-jeter,
Si nul n’y prête attention,
Accotement non stabilisé,
Les fruits dans le fossé,
Antigaspi.
Il y a là
Les sanguines,
Celles à la peau d’orange,
Aux rides d’expression
Sur l’un des côtés,
Meurtrissures
Écorces aux éphélides,
Aux crevés,
Qui,
Ainsi que ceux de la manche d’une robe élisabéthaine
Laissent apercevoir
Le vif rosé
De la chair,
D’autres,
Tranchées par l’équateur,
Montres Molles,
Aux heures épépinées,
Grises,
Celles
Qui valent,
Quel pesant encore ?
Le regard les frôle
Se tache
Aux ronds de sorcière
De la moisissure
Sur un flanc,
Les fruits mûrs,
Point de non retour,
Le verjus
Qui fait grincer les dents,
A mis le temps
Sous la peau fine
Le réseau des veines,
Nourries de l’élixir
Avec son haleine
D’avaleur de sabres
Il lacère
Tout ce qui dépasse,
Le nez, le bout des ongles,
La crête d’Iroquois
Aile-de-corbeau de l’immeuble,
Rangée d’oiseaux qui se soulève
Autour du fumeur noir
De la cheminée,
Le vent.
Quelque part
Sur l’échafaudage
En figuier étrangleur,
Lierre d’acier
Le long des façades,
Une élingue lâche
Tinte,
Comme dans ces marinas
Remuées par la tempête
Les mâts des voiliers
Emmêlés
Marimbas désaccordés,
Grotte de Fingal
Barque solaire, dérivant
Icare dort
Santiago,
Son grand poisson d’or
Amarré au flanc du vaisseau,
Mêmement proie,
Et le feu qui le dévore.
Loin, l’azur est la main
Posée sur le front livré
À la fièvre.
Éveil
À l’aurore,
Un grand brûlé
Fait peau neuve,
Retombe sur terre.
Ce cheveu
Sur l’oreiller,
Arête
De son rêve
D’avant en arrière
Petit cheval de Mongolie
En mouvement
Qui traîne sur la steppe
Inlassable
Le ballot de brins de laine,
Jusqu’à la matière désirée,
Foulé tapis de feutre déroulé
Sur le sol rond de la yourte,
Tapis de selle
Où s’assied, Cléopâtre des lieux,
Habit aux longues manches
Noué à l’épaule,
Celle qui entretient
La cendre,
Le feu
Âge de fer
Petite Vénus à la feuille.
Papier froissé
Dans un boyau, Lascaux obscur,
Un dinandier
Débosselle les métaux,
Une pommette rosit
Dans l’ivoire de la joue
Creusée
24 février, saint Modeste
Un poète s’est retiré
Le ciel est bleu sur Grignan
Fors deux grands yeux,
Laiteux, parcelles de nuage.
Et à l’Est
Hejnal.
La longue apnée
Dans un stade d’extrême-orient.
Chaque iris est à sa place,
Ils sont mille et scent,
À l’encre bleue Watermann immobiles sous le vent
Une fresque qui sèche.
Quand d’un claquement unanime d’éventail
Qui ferme,
Et rouvre son plissé de soie,
Les fleurs se changent
Tournent les pages,
Les iris papillonnent,
Les enfants-lutrins,
Chacun le pixel d’un tableau,
Composent
Un bouquet,
Et vidant en un instant
L’eau du vase
Déposent la gerbe
Sur un tombereau
De fleurs
De papier,
Sont les immortelles,
Envolées