ce que vos yeux vairons

Mois : décembre, 2014

Le lai

Des lais de Marie de France

Lus à vingt ans,

Fadaises, contes pour enfants,

Je mesure à présent,

A l’aune du temps passé,

Me retournant,

Le sens profond

De celui

Qui me semblait alors

Le plus insignifiant.

Peaufiler

A joncher

Le devant bleuté

Du corsage

Du sillon nacré

Des dragées du boutonnage,

Le tailleur enserre

L’atoll de son buste,

Et tourne sa cambrure

Dans la membrure

De la faille

De sa camisole.

Le vol

Virez sur l’aile,

Oiseaux de nuit, annoncez

L’aube aux endormis.

Mil

Morsure de l’an-peur,

Imprenable forteresse,

Limbes de la crainte.

Le nez

Némo seul compose,

Et de son clavier s’élèvent

Zestes, musc, néroli.

Nécessité de l’hiver

Le froid qui sidère, stupéfie, ensevelit les couleurs, éteint les bruits.

Et annonce la grande attente.

Et quand les blancs gris d’un ciel bas cèdent comme glace qui craque au premier bleu ciel d’un aube naissante,

La douceur de l’air, le vert tendre du printemps ouvrent leur ombrelle,

Et retiennent leur souffle quand point à l’horizon l’annonciation, en mille battements d’aile, de la belle saison.

Le lys

Le calice ivoire

Y recueille le pistil

Safran de la fleur.

Chemin de halage

Janvier s’arc-boute,

La nuit à sa traîne,

Et avance, en mariée noire,

Jusqu’au point blafard

Du jour.

Nature morte à l’hellébore

La porcelaine à peine rosée de son calice

Effleure, penchée, les perles sanguines

De la grenade, ouverte comme conque

Sur l’irisé de sa nacre.

Joy

Jus exquis, flacon

Où s’unissent arôme, génie,

Y errer, rêveur.